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Perte du triple A Quelles conséquences pour l’Agriculture ?

Contactés par Terre-net Média, les acteurs du monde agricole ont commencé à réagir dès lundi 16 janvier au déclassement de la France par l’agence Standard & Poor's et à la perte de son triple A. Or ce sésame permet au gouvernement français et à l’ensemble des banques et des compagnies d’assurance de refinancer leurs dettes avec des taux d’intérêt bon marché.

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Pour François Lucas, vice président de la CR, il est temps de
donner aux agriculteurs les moyens de produire plus et de se servir
de la Pac pour faire décoller l'économie. (© Terre-net Média)

L’annonce de vendredi dernier n’est pas en soit une surprise, car les banques ont déjà revu à la hausse les taux de leurs prêts. Et il n’y aura pas d’impact sur les prêts bonifiés. En revanche, ce qui est difficile à anticiper, ce sont les conséquences à moyen terme de la perte de crédibilité de la France sur les marchés financiers dans les prochaines semaines, en pleine campagne électorale.

Pour la Confédération paysanne, les différents acteurs économiques et financiers donneront à ce déclassement l’importance qu’ils voudront lui donner. Il traduit à ce jour la place importante de l'économie financière dans le fonctionnement de la société au détriment de l’économie réelle.

Dislocation de la zone euro

 « C’est en fait l’Europe, et pas seulement la France, qui est déclassée, avec une valeur unique de la monnaie qui n’est plus tenable, défend François Lucas, vice président de la Coordination rurale (CR). Elle pourrait par conséquent craquer de toutes parts avec la dislocation de la zone euro et avec le départ des Peco tentés de rejoindre la zone de libres échanges que la Russie souhaite mettre en placeà l'est ».

Christiane Lambert (Vice présidente de la Fnsea) : « on va mettre sur la table tous les facteurs de non compétitivité »

« Pour les agriculteurs, le risque du déclassement de la France est des intérêts d’emprunt plus élevés et une méfiance accrue des banques pour financer les projets d’agriculteurs. La part d’autofinancement demandée aux porteurs de projets sera probablement plus importante. Les conséquences du déclassement peuvent aussi être indirectes, avec des collectivités locales qui peineront à s’endetter pour accompagner les projets des agriculteurs. Enfin, si la crise est très sévère, une baisse de la consommation générale en France et en Europe pourrait impacter l’activité agricole et réduire les débouchés ».

Peu d'impact sur la réforme de la Pac

« La Fnsea ne veut pas une politique sociale de seconde zone, mais il faudra la financer en cherchant les moyens pour être plus compétitifs, quitte à revenir sur certaines dispositions sociales comme les 35 heures ou l’âge de la retraite, qu’il faut aligner sur l’Allemagne. Une hausse de trois points de la Tva pour financer le régime d’allocations familiales allègera le coût du travail supporté par les employeurs de 40 milliards d’euros ».
« Mais le déclassement de la France et de huit autres pays de la zone euro ne remettrait pas fondamentalement en cause la réforme de la Pac car ce ne sont pas les membres de l’Union les plus déclassés, par ailleurs bénéficiaires nets, qui auraient intérêt à revoir le projet de réforme. En revanche, le pays membre qui nous inquiète le plus sur ce sujet est la Grande Bretagne ».

Au niveau national, « ce sont les contribuables, et par conséquent les agriculteurs, qui seront encore les plus touchés par la crise. Elle sera même un alibi pour faire accepter à l’ensemble de la population, et par conséquent aux agriculteurs, des réformes impossibles à envisager en d’autres temps, en instaurant par exemple une Tva sociale pourtant refusée par l’ensemble de la population, assure Philippe Collin, porte parole de la CP. Elle affectera en particulier le pouvoir d’achat des plus pauvres, et par conséquent des agriculteurs, puisqu’ils font partie des français disposant des revenus parmi les plus faibles ».

Le seul secteur source de croissance

« En fait, les conditions ne sont pas réunies pour que les objectifs de la Tva sociale soient atteints », défend à nouveau François Lucas. La réduire à quelques pourcents n’aura pas d’impact significatif pour rendre à la fois les entreprises plus compétitives et pour donner davantage de pouvoir d’achat aux salariés. Car la Tva sociale, envisagée par la CR, est une véritable réforme sociale qui compenserait une grande partie les baisses des cotisations patronales et salariales.

Toujours en invoquant l’alibi de la crise, il sera peut-être plus difficile pour les gouvernements des Vingt-sept les moins favorables à une Pac forte, de revoir l’accord budgétaire de l’été dernier, prétextant que l’Europe n’a pas les moyens de financer une réforme ambitieuse. « Or l’agriculture est aujourd’hui le seul secteur source de croissance, et il serait temps de donner les moyens aux agriculteurs de produire plus et de faire de la Pac une fusée pour faire décoller l’économie », commente François Lucas.

 

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